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Bras de fer IBK-M5: allons-nous vers un Game Over ?

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Depuis plus d’un mois, le bras de fer reste tendu entre le président de la République malienne et le M5-RFP qui demande sa démission. La situation a conduit à des débordements et à des prises de décisions. Mais le mouvement contestateur semble ne pas vouloir reculer malgré plusieurs arrestations dans son rang. Pourtant, ce serait bientôt le Game over pour le M5.

L’article 121 de la Constitution de 1992 a été mis en marche au Mali, le vendredi 10 juillet 2020, par les responsables du Mouvement du 5 juin-rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP). Selon cet article, « Le peuple a le droit à la désobéissance civile pour la préservation de la forme républicaine de l’État. »

Des consignes fermes

Le grand meeting tenu par cette nouvelle force d’opposition demandant la démission du président de la République, le vendredi 10 juillet 2020, a donné des consignes fermes pour l’activation de cet article de la loi fondamentale du Mali.

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Dès le vendredi après-midi, les voies publiques, notamment les trois ponts du district de Bamako, des services publics comme la Primature, l’Assemblée nationale ainsi que l’Office de radiodiffusion et télévision du Mali (ORTM), ont été occupés par des manifestants ne voulant rien entendre, sauf le départ du président IBK et de son régime. Une situation qui a conduit à des débordements au niveau de l’Assemblée nationale ainsi que de l’ORTM, où des manifestants se sont adonnés à des actes de destructions de biens publics, voire privés.

Détermination à aller au bout

Bien que les forces de l’ordre soient intervenues pour libérer l’ORTM, notons quand même que les manifestants se disent déterminer à ne rien lâcher tant que le chef de l’État ne déclare publiquement sa démission. En attendant, les manifestants avaient invité à la désactivation de toutes les règles en matière de circulation routière. Ce qui a engendré des blocages de plusieurs voies publiques et ronds-points, dans la capitale malienne, le vendredi 10 et samedi 11 juillet 2020. Résultats : des morts, des blessés et plusieurs dégâts matériels.

Pour reprendre certains manifestants, « plus de lois au Mali tant que Boua demeure au pouvoir ». D’autres estiment d’ailleurs que « IBK n’est plus le président de la République du Mali ». En un mot, le Mali marche sens dessus dessous, depuis le vendredi 10 juillet 2020. Pour cette désobéissance civile, les responsables du M5 appelaient également au non-paiement des impôts et taxes.

Expansion de l’insécurité

Toutes ces situations profitent à qui ? Sûrement aux bandits. L’arrestation d’un individu muni d’armes et de munitions, des saccages de boutiques ou de biens privés, au cours de ces deux jours de manifestation, en sont la preuve. Des individus malintentionnés qui se profitent de la moindre occasion pour transformer les situations en leur faveur. Cette désobéissance civile risque de transformer complètement le Mali en une jungle où seule règne la loi du plus fort. Mais à qui la faute ?

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Dans un communiqué, le samedi 11 juillet 2020, le M5-RFP tient le chef de l’Etat pour responsable de ces débordements : « [ndlr] paniqué par ces scènes de fraternisation, le régime de Monsieur Ibrahim Boubacar Keita a envoyé ses éléments de répression avec des consignes claires : réprimer et tuer. Ainsi, avec les premiers tirs à balles réelles, la manifestation pacifique a été violemment dispersée par ces forces de répression. » De son côté, le président de la République rejette la balle dans le camp du M5. Dans une annonce télévisée, le même samedi, IBK qualifie ces manifestants de « casseurs et de démolisseurs du pays ». La responsabilité ne serait-elle pas alors partagée ?

Les recommandations de la CEDEAO et la mauvaise foi politique

En tout cas, c’est suite à ces manifestations violentes que le chef de l’État a décidé « d’aller vers la mise en œuvre des recommandations issues de la mission de la CEDEAO » qui est passée au Mali le 18 juin 2020. En application de ces recommandations, le chef de l’État abroge « le décret de nomination des membres restants de la Cour constitutionnelle ». Une dissolution qui aurait pu se faire en amont, lors de son adresse du jeudi 9 juillet 2020 dans laquelle il décidait le remembrement de la cour. Cela aurait pu amener un peu d’accalmies. Mais au lieu de cela, il a préféré s’agripper sur les difficultés qui couronnent la dissolution de l’Assemblée nationale en balayant d’un revers de main ces recommandations de la CEDEAO. Le chef de l’État aimerait seulement les challenges.

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Le président de la République n’a-t-il pas joué au médecin après la mort en ne mettant en œuvre les recommandations de la CEDEAO qu’après que la situation se soit assez tendue ? C’est la même remarque faite par Soumeylou Boubeye Maiga, ex-Premier ministre d’IBK, sur sa page Facebook : « ‪Dommage qu’il ait fallu plus d’un mois, des morts, des blessés, des destructions de biens publics et privés pour prendre une décision qui s’imposait d’elle-même, mais qu’on prétendait juridiquement impossible. »

Des détails à régler

Le dialogue que le président ne cesse de réitérer serait-il possible avec les arrestations de responsables du M5 en cours ? Cette mise en œuvre des recommandations de l’organisation sous-régionale signifie également l’organisation d’élections législatives partielles dans les circonscriptions électorales où les résultats des dernières législatives ont été contestés. Or, le président de l’Assemblée nationale, Moussa Timbiné, qui est de la commune V, est contesté. Pourtant, le chef de l’État dans son allocution du samedi dernier a expliqué : « La dissolution de la cour va nous conduire dès la semaine prochaine à demander aux autorités compétentes la désignation de membres [ndlr]. » Alors, comment fera-t-il pour la désignation des trois membres que doit donner le président de l’AN ?

Tant que ces détails ne sont pas réglés, l’apaisement sera difficilement un acquis. Mais une fois que ceux-ci seront réglés, le M5-RFP pourrait quitter sa position dure et rejoindre la table des négociations ultimes.

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Au rythme actuel des choses, il est essentiel que les deux parties se fassent des concessions surtout que le chef de l’État continue à réitérer son ouverture au dialogue : « [ndlr] accepter de se parler et se donner la chance de se comprendre ».

Le Game Over

Seulement la sincérité du chef de l’État dans sa demande laisse à désirer. À ce stade, l’invitation au dialogue ne rime pas avec les arrestations de responsables. Finalement, avec qui va-t-il dialoguer ? Pourtant, il semble être déterminé à poursuivre ces arrestations. Dans son message du vendredi 10 juillet 2020, le chef de l’État a été assez clair : « C’est au nom de ce même État de droit qu’il m’incombe d’assurer la sécurité des biens, des citoyens et des Institutions et cela sera fait, sans faiblesse aucune ». Dans son adresse à la nation du samedi 11 juillet 2020, il a également rassuré : « Autant que possible, des mesures d’apaisement judiciaires seront examinées, mais tout le monde conviendra que cette fois-ci, toutes les limites du tolérable auront été atteintes et dépassées, des faits d’une extrême gravité ont été posés, qui méritent examen et assurément sanctions judiciaires appropriées ».   

À cette allure et une fois les détails sus-dessus cités réglés, le M5 doit rejoindre la table des négociations, sinon ça pourrait être bientôt pour lui le Game Over.

F. Togola


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