Dans ce dixième épisode de notre série de billets fictifs, le « Monde des eaux », il est question du passage d’un mode d’invisibilité à celui de visibilité. Une mutation qui nécessite des préparatifs et n’est pas sans créer des paniques.
Après notre entretien, mon beau-père appelle sa femme en la demandant d’apporter une valise métallique. Lorsque celle-ci rapportait l’objet, elle trébuchait sous le poids de l’énorme valise métallique. Je me précipite vers elle pour la lui récupérer. Elle me remercie de ce geste. Je dépose l’objet auprès de mon beau père qui a été plus qu’un père pour moi. Il me demande de l’ouvrir tout en montrant la façon de le faire. Lorsque je l’ouvre, elle était pleine d’objets en or.
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Voyant toutes ces richesses, je suis resté la bouche ouverte, les yeux hagards. Tellement surpris que je n’avais même pas encore constaté que le contenant lui-même était aussi en or. Mon beau père me dit :
- Voilà, tout ça, c’est pour toi. Tu es un homme honnête, qui mérite qu’on lui accorde notre confiance. Désormais, tu ne souffriras plus. Nous te protégerons jusqu’à la fin de ta vie sur cette planète. Tes enfants vont rayonner sur tous les cieux, et toi aussi tu vas faire de longues études et deviendras comme Barack Obama, Patrice Lumumba, comme Modibo Keita, Nelson Mandela, Mahatma Gandhi….
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Mon fils, tu mérites plus que ça. Mais tu trouveras le reste de tes cadeaux chez toi à la maison.
- Je ne sais vraiment pas comment vous remercier suffisamment, lui dis-je.
Je recommence alors mes habitudes. Puisque je ne sais que faire cela. Moi, je peux pleurer. Mais eux, non. Ils ne connaissent pas cela. En voyant un humain dans cet état, ils savent quand même qu’il souffre. C’est alors que ma mère, je veux dire ma belle-mère, me demande :
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- Mon fils, pourquoi pleures-tu ? Tu ne te sens pas bien ?
- Non, ce n’est pas cela, ai-je répondu. Je pleure parce que je vais vous quitter sans pouvoir vous donner quoi que ce soit comme cadeau. Or vous m’avez entretenu et m’avez donné une femme et toutes ces richesses. Je ne pourrai jamais être indifférent de cela, lui ai-je fait savoir.
- Ce qui importe pour nous, c’est l’obéissance à la parole donnée, m’a-t-elle rappelé. Or chez vous les humains, vos sociétés sont divisées parce que nul n’obéit à ses paroles. Tout le monde ne fait que poursuivre ses intérêts. Ce qui prime pour vous, c’est l’intérêt personnel et non le général. C’est ce qui vous rend la vie difficile. Vous promettez des choses au nom de Dieu, et directement vous vous retournez pour qualifier ceux qui vous écoutent de fous. C’est cela, cette déloyauté, qui explique l’augmentation des filles possédées dans vos sociétés. Tout compte fait, toi, tu t’es démarqué de tout le reste des humains. Tu as gagné notre confiance. C’est ce qui explique le fait qu’on ait accepté de te laisser partir en compagnie de notre fille. Tu es un bon garçon.
- Merci pour toutes ces leçons, maman. Je saurai m’en servir, lui ai-je promis.
À ces mots, ils appellent leur fille qui se présente directement avec ses bagages. Elle est sous une forme humaine comme moi. Elle porte une robe blanche et une voile autour de la tête. Tout pour une nouvelle mariée.
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Elle vient s’arrêter auprès de sa mère qui la prend par la main et la conduit à moi. Elle me donne sa main et dit : « Voici ta femme, mon fils. Prends bien soin d’elle. Elle ne connait pas assez le monde des humains, et étant sous cette forme, elle n’a plus assez de pouvoir. Sache lui montrer les pièges de votre société afin qu’elle réussisse à les éviter. Elle saurait être une bonne épouse pour toi. »
Maintenant, il ne reste plus qu’à prendre le chemin du retour. Nous sortons de l’eau vers le crépuscule pour nous diriger vers le village. Nous avons jugé ce moment plus idéal pour ne pas se faire remarquer. Malgré toute notre discrétion, nous n’avons pas pu passer inaperçus. D’ailleurs, puisque j’avais recouvert ma forme humaine, personne ne pouvait ne pas me reconnaitre.
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Encore au crépuscule, des noctambules travaillaient leurs filets de pêche. Certains d’entre eux nous ont aperçus et m’ont immédiatement reconnu. Ils se sont directement rendus chez mes parents pour annoncer la nouvelle avant que nous arrivions. Ces hommes étaient pris de peur lorsqu’ils nous ont vus arrivés. Ils pensaient avoir vu un zombie. Une fois la nouvelle annoncée, ma mère se met à réciter des sourates de reconnaissance et de gloire à Dieu pour ce qu’il vient de lui prouver.
La nouvelle gagne rapidement tout le village. Tout le monde était paniqué, et pressé à la fois de me revoir pour découvrir mon aventure.
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Arrivé au village, tout le monde nous fuyait puisque tous me passaient pour mort. Tout compte fait, nous sommes rentrés à la maison vers 20 h 30 min.
A suivre!
F.T
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