La région du Liptako-Gourma traverse une zone de turbulence depuis des années. Cette situation a entraîné une véritable crise économique.
Dans la région du Liptako-Gourma, zone des trois frontières (Mali, Burkina Faso et le Niger), les populations traversent maintes difficultés en raison de l’instabilité qui règne dans la région. Dans cette région, 80% des 17 millions d’habitants vivent dans des zones rurales. Des endroits qui souffrent d’un problème d’accès aux services sociaux de base et aux opportunités économiques. Dans cette zone tri-frontière, l’agriculture et l’élevage sont les principales activités de survie des populations.
Priorités d’investissement
« Ces dernières années, une escalade de la violence et des conflits a menacé de déstabiliser l’ensemble de la région et de saper les acquis du développement », précise la Banque mondiale dans un communiqué du 15 juin 2021. Cette recrudescence de la violence a conduit à une crise humanitaire aiguë, à l’insécurité alimentaire et aux déplacements forcés. À cette escalade de la violence, se greffent le changement climatique et la crise pandémique liée à la Covid-19.
Face à cela, la Banque mondiale initie un projet à l’endroit des populations de cette région sahélienne. Plus de 8 millions de personnes bénéficieront de cette enveloppe de 352,5 millions de dollars, soit plus de 193 milliards de FCFA. Ce « projet de redressement et de stabilisation à base communautaire pour le Sahel », approuvé le 15 juin 2021 par le Conseil d’administration de cette institution mondiale, vise à soutenir les services et infrastructures socio-économiques intégrés, les moyens de subsistance et le développement territorial, ainsi que « les données et la coordination régionales pour faire face aux risques multidimensionnels et interdépendants ».
À travers cette initiative, l’institution financière mondiale entend accorder une attention particulière sur les activités génératrices de revenus et la restauration des moyens de subsistance résilients au changement climatique, la livraison de fournitures et des biens ménagers, et des infrastructures de base à petite échelle dans les communautés touchées par le conflit. « Les communes qui accueillent une grande partie des personnes déplacées de force » font également partie des priorités d’investissement dans le cadre de ce projet.
Promouvoir le « développement économique local »
Selon Mme Deborah Wetzel, directrice de la Banque mondiale pour l’intégration régionale pour l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, « ce projet allie réflexion régionale et action locale ». Toujours selon ses explications, « le dialogue régional entre les principaux acteurs gouvernementaux, humanitaires et de développement sous-tendra une réponse politique commune aux facteurs communs de vulnérabilité et de fragilité climatiques, de conflit et de violence ».
Pour sa part, Mme Soukeyna Kane, directrice de pays de la Banque mondiale pour le Burkina Faso, le Tchad, le Mali et le Niger, indique que « la régionalité du projet, sa conception sensible aux conflits et son approche territoriale intégrée complètent le portefeuille existant du Groupe de la Banque mondiale dans le Liptako-Gourma [NDLR] ».
Pour la Banque mondiale, le « modèle centré sur la communauté du projet vise à rétablir le contrat social entre les gouvernements locaux et les communautés en veillant à ce que les investissements locaux répondent aux besoins les plus pressants des communautés et en promouvant le développement économique local ».
Fousseni Togola
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