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Activisme numérique : la révolution de la participation citoyenne

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À Bamako ainsi que dans certaines villes du pays, la jeunesse redéfinit l’activisme en investissant les réseaux sociaux. X (anciennement Twitter) et TikTok, Facebook ou encore Instagram deviennent des espaces pour sensibiliser, mobiliser et défendre des causes sociales et citoyennes. Cette nouvelle forme d’engagement, appelée activisme numérique 2.0, permet aux jeunes de transformer leurs idées en actions concrètes, tout en renforçant la participation citoyenne. Ils combinent créativité, responsabilité et formation pour influencer positivement leur environnement et interpeller les décideurs de la capitale malienne.

Au Mali, l’engagement citoyen n’est plus limité aux manifestations ou aux associations traditionnelles. Les jeunes utilisent désormais le numérique pour faire entendre leur voix et participer activement à la vie de la commune. X et TikTok leur offrent un espace pour partager des informations, mobiliser leurs pairs et interpeller les autorités locales. Cette transformation démontre que la participation citoyenne peut s’adapter aux nouveaux modes de communication et toucher un public plus large, notamment les jeunes souvent éloignés des débats institutionnels classiques.

Les réseaux sociaux sont un outil puissant de sensibilisation et d’éducation civique

Ousmane Kalifa, diplômé en anglais et membre du Democracy Tech Squad, un réseau panafricain d’activistes de la démocratie et des droits humains qui utilisent les TIC pour promouvoir la démocratie et la bonne gouvernance, explique : « Lorsque nous diffusons des messages structurés et réfléchis, ils peuvent toucher des milliers de jeunes à Bamako. Les réseaux sociaux permettent d’intéresser les jeunes à la citoyenneté et de mobiliser rapidement autour de causes importantes. Ce n’est pas seulement poster, mais éduquer et conscientiser. »

Aldjoumat Yattara, également membre du programme, complète : « Nous travaillons pour que la jeunesse comprenne que ses actions numériques ont un impact réel. Les publications doivent être vérifiées et constructives, afin de ne pas propager de fausses informations. Les réseaux sociaux sont un outil puissant de sensibilisation et d’éducation civique, à condition qu’ils soient utilisés correctement. » Ses propos soulignent l’importance de la formation à l’usage responsable des plateformes sociales.

Les réseaux sociaux comme espace d’expression citoyenne

Des organisations locales jouent un rôle clé dans cette dynamique d’engagement numérique. Najim Hamady, membre actif de Korochiblog, affirme : « Nous formons les jeunes à comprendre les enjeux du numérique et à l’utiliser pour servir l’intérêt général. Il s’agit de créer des contenus qui sensibilisent et encouragent la participation citoyenne. » À travers des ateliers et des formations, ces jeunes apprennent à détecter la désinformation, à communiquer de manière responsable et à s’impliquer dans les débats locaux.

Le numérique permet également de relier le virtuel et le réel. Les jeunes participants traduisent leurs idées en projets concrets pour la ville, en s’appuyant sur les discussions et les mobilisations initiées sur les plateformes sociales. « Notre objectif est que chaque initiative en ligne ait un impact tangible sur le terrain », ajoute Najim Hamady. Cette approche montre que l’engagement numérique n’est pas une fin en soi, mais un outil pour favoriser des actions concrètes à Bamako.

La Fondation Tuwindi, via son programme Democracy Tech Squad, accompagne ces jeunes militants en fournissant ressources et soutiens méthodologique. Elle les encourage à transformer leur engagement en ligne en initiatives citoyennes responsables et durables. Cette collaboration renforce l’impact des jeunes dans la gouvernance locale et leur permet de participer activement à la vie de la capitale.

De nouvelles formes d’engagement social

TikTok, tout en étant une plateforme de divertissement, est également utilisée pour diffuser des messages sociaux et citoyens. Babaye Arby, militant pour la jeunesse et les droits humains, explique : « Pour toucher efficacement la génération connectée, il faut adapter le message au format et au langage de ces plateformes. Les vidéos courtes captent l’attention et permettent de sensibiliser un public plus large, souvent éloigné des débats traditionnels ».

Mariam Traoré, militante pour les droits des filles, décrit l’impact de ces vidéos : « Elles permettent aux jeunes filles de s’exprimer sur des sujets qui les concernent, comme la scolarisation et les mariages précoces. C’est un espace où elles se sentent écoutées et valorisées, et où leur voix compte réellement. » Ces initiatives contribuent à une meilleure inclusion des jeunes dans la vie citoyenne et permettent de renforcer leur rôle dans la société.

La campagne #Lamairieselonmoi, en 2025, constitue un exemple concret de cette dynamique à Bamako. Elle invite la jeunesse à proposer des idées pour améliorer la mairie et la gestion de la commune. Abdoulaye Maïga, participant à la campagne, explique : « Cette initiative permet aux jeunes de partager leur vision d’une ville plus participative. Les propositions en ligne sont complétées par des ateliers et des discussions qui transforment les idées numériques en projets concrets ».

Entre opportunités et défis de l’activisme numérique

L’activisme en ligne comporte des défis majeurs, tels que la désinformation, le cyberharcèlement et les discours haineux. Pour cette raison, la formation et la sensibilisation sont essentielles. Les jeunes militants sont encouragés à vérifier leurs sources et à diffuser des informations fiables. Ousmane Kalifa précise : « L’activisme numérique ne remplace pas l’action de terrain, mais le complète. Il permet de fédérer les idées et d’interpeller les autorités, tout en suscitant des débats constructifs. La responsabilité et la vérification de l’information sont primordiales ».

Ces jeunes utilisent également le numérique pour organiser des ateliers et des rencontres dans les universités et centres culturels de Bamako. Ces actions favorisent l’éducation civique et permettent aux jeunes de transformer leur engagement virtuel en participation concrète aux projets de la ville. Ainsi, l’activisme numérique devient un levier pour l’action citoyenne réelle.

Les réseaux sociaux offrent un espace où l’opinion des jeunes peut influencer la gouvernance locale. Cette génération démontre que l’engagement peut se faire à la fois sur les plateformes en ligne et dans la vie réelle, créant ainsi une synergie entre la mobilisation numérique et les actions concrètes à Bamako.

Vers une citoyenneté active et responsable

La jeunesse bamakoise en particulier et celle du pays en général montre qu’il est possible de concilier créativité numérique et engagement citoyen. En combinant formation, responsabilité et participation active, elle contribue à renforcer la démocratie locale et la transparence. Les initiatives menées à Bamako illustrent que l’engagement numérique peut devenir un vecteur de changement social durable.

En impliquant les jeunes dans la gouvernance locale et en leur offrant des espaces d’expression sûrs et formés, Bamako devient un exemple de mobilisation citoyenne en Afrique de l’Ouest. Cette génération connectée transforme le numérique en outil d’éducation, de sensibilisation et d’action concrète, prouvant que l’activisme 2.0 est une composante essentielle du changement social dans la capitale malienne.

Ibrahim Kalifa Djitteye 


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