Le deuxième forum économique et humanitaire Russie-Afrique s’est ouvert, le 27 juillet 2023, à Saint-Pétersbourg, en Russie. Plusieurs chefs d’État africains ont effectué le déplacement à ce grand rendez-vous avec l’une des grandes puissances du monde en vue de discuter des perspectives, de l’essence et des principales orientations de la coopération russo-africaine dans le contexte de la transformation de l’ordre mondial. La question ukrainienne s’est invitée dans les discussions.
La Fédération de Russie est en mesure de remplacer « le grain ukrainien à la fois sur une base commerciale et sous la forme d’une assistance gratuite aux pays les plus nécessiteux d’Afrique », a rassuré le patron du Kremlin lors de la session plénière du Forum. La Russie est prête dans les trois à quatre prochains mois, à « fournir gratuitement au Burkina Faso, au Zimbabwe, au Mali, à la Somalie, à la République centrafricaine, à l’Érythrée 25 000 à 50 000 tonnes de céréales ».
Le paradoxe dans l’accord sur les céréales
Les chiffres sont assez parlants en termes d’exportation russe et ukrainienne vers l’Afrique. En 2022, précise le président Poutine, l’Ukraine a produit environ 55 millions de tonnes de céréales et ses exportations se sont chiffrées à 47 millions de tonnes, dont 17 millions de tonnes de blé. Alors qu’au même moment, la Russie a produit 156 millions de tonnes de céréales en 2022 et exporté 60 millions de tonnes, dont 48 millions de tonnes de blé. « La part de la Russie sur le marché mondial du blé est de 20 %, l’Ukraine est inférieure à cinq », a indiqué le patron du kremlin.
Vladimir Poutine a saisi l’occasion pour évoquer le paradoxe dans l’accord céréalier scelléavec la participation du Secrétariat de l’ONU. Un accord qui visait, selon ses précisions, initialement à assurer la sécurité alimentaire mondiale, à réduire les menaces de la faim et à aider les pays les plus pauvres, y compris en Afrique.
Selon les explications du président Poutine, « les pays occidentaux entravent l’approvisionnement en céréales et en engrais, et d’autre part […] nous accusent hypocritement de la situation de crise actuelle sur le marché mondial de l’alimentation ».
La résolution de la crise russo-ukrainienne sauvera des vies
Malgré tout, les pays africains estiment que la suspension de la transaction sur le grain peut avoir un certain impact sur la coopération entre la Russie et le continent africain. « La Russie travaille en étroite collaboration avec nous et fait beaucoup [pour résoudre] les problèmes liés aux céréales et au problème alimentaire », a déclaré Azali Assoumani, président de l’Union africaine. Il précise que « plus de 1,9 million de tonnes ont été fournies par la Russie, et le montant des approvisionnements a dépassé trois-milliards de dollars ».
Toutefois, les pays africains précisent que la résolution de la crise russo-ukrainienne « sauvera la vie d’un grand nombre de personnes qui dépendent de l’approvisionnement alimentaire ». Le président de la République des Comores exhorte donc tous les participants au processus avec une grande demande : « faciliter la livraison de céréales ukrainiennes et russes dans nos pays ».
« L’Afrique a le droit de participer […] à la prise de décision »
Pour l’Afrique, il est nécessaire aujourd’hui « de lutter pour une paix durable entre la Russie et l’Ukraine ». L’Union africaine réitère son « appel à la coexistence pacifique entre la Russie et l’Ukraine, entre les peuples fraternels, entre les peuples voisins […] Aujourd’hui, nous nous battons pour un monde multilatéral et multipolaire ».
Les Africains se disent particulièrement conscients qu’aujourd’hui que « le système international doit être réformé, en particulier le système des Nations Unies. Par conséquent, l’Afrique, bien sûr, a le droit de participer activement à la prise de décision, en particulier parmi les membres permanents du Conseil de sécurité ».
Chiencoro Diarra
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