Publié dans la collection Friffini des éditions La Sahélienne, cet ouvrage est une très belle initiative à saluer. Avec « Les fables du taxi-brousse », Solo Niaré redonne vie à ces paroles qui ont été naguère transplantées, voire amputées de leur suc originel sous la plume d’un écrivain aussi talentueux que Massa Makan Diabaté. Les textes inspirés des beaux récits de Kele Monson Diabaté étaient loin d’en restituer la saveur et la quintessence. Celui-ci ne se reconnaît pas dans des « paroles qui ne respirent plus », parce que figées entre les pages d’un livre.
Il y a chez Solo Niaré un effort d’appropriation du riche matériau puisé à la fois dans la tradition orale et dans l’actualité, en vue de l’inscrire dans une double démarche de fidélité (à une vision et à des valeurs données) et de créativité (vivifiante et féconde). Il parvient, ainsi, à surmonter la dichotomie entre le traditionnel et le moderne, en les articulant d’une manière originale. Les mots prononcés par Fily Dabo Sissoko en 1956 à la session budgétaire de l’Assemblée du Soudan, prennent ici tout leur sens : « La tradition est un courant de vie, constamment alimenté de sucs nouveaux, qui poursuit sa course irréversible vers son devenir ; elle est mouvement et nulle part le mouvement ne s’oppose au progrès. » C’est une attitude dynamique qui sort notre littérature orale des clichés réducteurs par une démarche constructive. Il importe donc de maintenir et d’approfondir cette logique d’appropriation à d’autres niveaux, en termes de communication et d’audience mais aussi de proximité .
Le mérite de cette mise en valeur des contes et fables du terroir revient à l’auteur et à son éditeur, La Sahélienne. C’est une avancée qu’il importe de renforcer, au-delà de l’illustration, en approfondissant encore les aspects ayant trait à l’oralité et à la proximité affective. Bon vent !
Mamadou Bani Diallo
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