Le projet de Constitution guinéenne, dévoilé en pleine nuit, ouvre la voie à un avenir incertain, laissant planer le doute sur les intentions du général Mamadi Doumbouya. Alors que des réformes sont annoncées, le flou persiste autour d’une éventuelle candidature du chef de la transition.
La Guinée, ce pays où même la Constitution préfère voir la lumière du jour à minuit. C’est dans la nuit noire, à 00h20 précisément, que le Conseil national de la transition a décidé de rendre public le projet de Constitution, une sorte de document magique censé ramener la démocratie après des années de troubles et d’incertitudes. Comme un clin d’œil, ce projet devrait mettre fin à la transition dirigée par le général Mamadi Doumbouya, cet homme providentiel qui, rappelons-le, a pris les rênes du pays après un coup d’État le 5 septembre 2021.
« Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent »
Et quelle surprise ! Ce texte, qui a tout l’air d’une feuille de route vers un avenir plus radieux, propose un système bicaméral avec une Assemblée nationale et un Sénat. Comme si ajouter une nouvelle institution pouvait subitement résoudre les maux de la Guinée. Mais le clou du spectacle, c’est bien sûr la limitation à deux mandats présidentiels, inscrite en lettres d’or dans l’article 44 : « la durée du mandat du président de la République est de cinq ans, renouvelable une seule fois ». Pour les amateurs de coups d’éclat démocratiques, ce passage sonne comme une douce mélodie. Mais attention, la fête n’est pas encore commencée.
Car derrière ce semblant de rigueur, le projet de Constitution maintient un flou artistique – digne des plus grands films noirs – concernant la candidature éventuelle du chef de la transition, le général Doumbouya lui-même. Un flou qui n’a rien de fortuit. On se demande bien pourquoi un texte aussi fondamental ne tranche pas clairement sur ce point crucial. Serait-ce pour laisser la porte ouverte à une possible (et ô combien prévisible) candidature de l’homme fort de Conakry ? Après tout, qui sait ce que l’avenir réserve, surtout quand le présent est si soigneusement enveloppé de mystères nocturnes.
Il ne faut pas oublier que ce même général, lors d’une réunion avec des responsables de la Cédéao en septembre 2021, avait pourtant affirmé haut et fort qu’il n’avait aucune ambition présidentielle. Mais comme on dit chez nous, « les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent ».
Les étoiles peinent à percer la brume des ambitions humaines
Et sur le plan des droits et libertés, le projet semble vouloir séduire. La peine de mort reste interdite, les mutilations génitales féminines sont toujours proscrites, et les droits des personnes arrêtées sont réaffirmés. Des mesures progressistes, certes, mais qui ne parviennent pas à dissiper l’ombre du doute planant sur l’intention réelle de ce projet de Constitution.
Alors que penser de cette nouvelle Loi fondamentale ? Est-ce vraiment le début d’une ère de renouveau pour la Guinée, ou simplement un écran de fumée destiné à légitimer un pouvoir qui n’a jamais vraiment quitté les coulisses ? Une chose est sûre, en Guinée, les nuits ne sont jamais tranquilles.
Et pendant que le texte reste en ligne, attendant d’être voté avant la fin de l’année, la question qui reste sur toutes les lèvres est simple : à quel jeu joue le général Doumbouya ? En attendant, nous restons spectateurs, scrutant le ciel nocturne de Guinée, où les étoiles peinent à percer la brume des ambitions humaines.
Chiencoro Diarra
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