Une nouvelle équipe a été mise en place au Mali pour conduire la transition, instaurée au Mali après les événements d’août 2021, à bon port. Cette équipe promet des lendemains meilleurs au peuple malien.
Le train de la deuxième phase de la transition malienne a démarré sous le coup de grandes promesses. Des annonces qui font rêver les Maliens de lendemains meilleurs. Lors de son investiture, le 7 juin 2021, le nouveau président Assimi Goita s’est engagé à renoncer aux 2/3 de ses fonds de souveraineté pour être utilisés dans des actions sociales. Une annonce largement appréciée par une grande partie des Maliens parce que correspondant à l’une de leurs aspirations.
Juger en fonction des engagements
Le Premier ministre de la transition, Dr Choguel Kokalla Maiga, lors de son premier conseil de cabinet, le 13 juin dernier, s’est attelé au même exercice. Beaucoup d’engagements ont été pris pour réalisation dans le laps de temps qui reste à la transition. Il rêve d’« une gouvernance de rupture et d’exemplarité » qui, selon ses mots, « suppose que nous mettions fin à des pratiques qui ont fini par justifier la défiance des populations vis-à-vis de l’État ».
De beaux engagements correspondant mieux aux aspirations d’une frange importante du peuple malien. Mais possède-t-on les outils nécessaires pour y arriver ? Existe-t-il une réelle volonté politique pour les concrétiser ? Les réaliser avec quelles hommes et femmes ?
« La nuit qui sera bonne est connue depuis au coucher du soleil », dit un adage bien connu au Mali. Une opinion populaire qui fait office de syllogisme aristotélicien, en référence au penseur antique grec Aristote. Les conclusions d’une situation dépendent généralement des prémisses (prémices). Ces promesses font craindre pour cette transition.
Victime des promesses
À travers des engagements de trop, cette transition pourrait de nouveau se tirer une balle dans le pied. Quand on promet, tous les regards sont orientés sur vous dans l’attente de la mise en œuvre des engagements. Pourtant, le délai imparti est, jusqu’à preuve de contraire, assez minime. Les péripéties sont nombreuses et difficiles à prévoir. Pourtant, elles sont susceptibles d’inverser la trajectoire des décisions à tout moment.
L’ex-président Ibrahim Boubacar Kéïta a été pris au « piège de sa parole ». En 2013, si celui-ci a été le plus plébiscité parmi tous les autres candidats, c’est dû à son engagement par rapport à la gestion des crises que traversait le pays. Mais au lieu d’une accalmie, la crise s’est au contraire aggravée sous son magister. Une situation créant trop de frustrations ayant finalement occasionné sa chute.
Cette situation d’IBK devrait servir de leçon aux hommes politiques de ce pays. Mais tel ne serait pas encore le cas, puisqu’après IBK Bah N’daw, qui s’était également engagé pour une véritable renaissance au Mali, a été victime de ses promesses.
Des ingénieurs et non des utopistes
Les promesses constituent un « piège de la parole » dont il serait plus prudent d’éviter. Car le bonheur collectif auquel les hommes politiques prétendent généralement n’est qu’un simulacre. On ne peut que travailler sur les maux réels qui assaillent un peuple en travaillant à leur réduction, mais jamais à les résoudre définitivement, et surtout en moins d’une année. Malgré tous les efforts déployés dans le monde pour l’éradication du paludisme, cette maladie ne continue-t-elle pas à faire des ravages ? Cela reste de même pour la quasi-totalité des crises qui coupent le sommeil aux citoyens dans divers coins du monde.
Dans un monde imparfait, toute solution à un problème ne peut être qu’une hypothèse de travail qui sera appelée à être dépassée en devenant généralement le point de départ d’un problème plus grave. D’où la nécessité d’adopter une politique plus réaliste en devenant des « ingénieurs politiques » et non des « utopistes ». Cela semble important pour éviter de se tirer de nouveau une balle dans le pied.
Fousseni Togola
Source : maliweb.net
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