Dans le grand théâtre de la politique sénégalaise, les acteurs font leurs entrées et sorties avec une élégance stratégique, laissant derrière eux un public captivé par une intrigue aux multiples rebondissements. Dernier acte en date, la décision de Habib Sy, figure emblématique de la scène politique et ancien ministre, de retirer sa candidature au profit de Bassirou Diomaye Faye, le poulain du Pastef. Ce geste, loin d’être isolé, suit le désistement de Cheikh Tidiane Dieye, réduisant ainsi le nombre de prétendants au trône présidentiel de 18 à 17. Mais, au-delà des chiffres, c’est toute une dynamique de solidarité et de stratégie politique qui se joue.
La scène se passe à Linguère, loin de l’agitation de Dakar, mais au cœur de l’échiquier politique. Habib Sy, avec la gravité de celui qui a navigué dans les hautes sphères de l’État, justifie son retrait par la volonté d’apporter de la clarté à l’électorat et d’unifier les voix de l’opposition. Un geste noble, pourrait-on dire, ou du moins un calcul habile dans cette course effrénée à la présidence.
La situation du PDS, quant à elle, demeure floue, telle une pièce manquante dans ce puzzle politique. Karim Wade, le candidat pressenti, étant hors jeu, le parti se retrouve à la croisée des chemins, courtisé mais indécis, un spectateur de luxe dans cette partie de poker menteur.
Jeu de chaises musicales
Ce ballet de retraits et d’annonces pourrait donner l’impression d’un jeu de chaises musicales où chacun cherche sa place, ou plutôt la meilleure manière de soutenir celui qui, à leurs yeux, incarne le renouveau tant espéré. Bassirou Diomaye Faye, désormais en pole position grâce à ces désistements, porte sur ses épaules non seulement les espoirs de son parti, mais aussi ceux de figures emblématiques prêtes à s’effacer pour le voir triompher.
Derrière ces gestes de solidarité, se cache une réalité plus amère, celle d’une opposition qui cherche à éviter l’éparpillement des voix dans une lutte contre un adversaire commun. Mais au-delà de la stratégie, ces décisions soulèvent des questions plus profondes sur l’état de la démocratie sénégalaise, où les alliances se font et se défont au gré des intérêts politiques, laissant l’électorat dans une attente incertaine.
À l’aube de cette élection présidentielle, le Sénégal se trouve à un carrefour, entre continuité et changement, unité et division. Les désistements de Habib Sy et Cheikh Tidiane Dieye ne sont pas seulement des coups de théâtre politiques, ils sont le reflet d’une quête collective pour une nation plus unie et résiliente. Reste à voir si cette stratégie portera ses fruits ou si elle ne sera qu’un écho de plus dans l’histoire tumultueuse de la démocratie sénégalaise.
Chiencoro Diarra
En savoir plus sur Sahel Tribune
Subscribe to get the latest posts sent to your email.