Reliant Bamako aux régions du Centre et du Nord du Mali, la route nationale N° 6 est devenue une hécatombe pour ses usagers et transporteurs. Analyse.
Sur la route Bamako-Ségou, le dernier grave accident en date est survenu le mardi 03 août 2021. C’était à Zambougou, un village situé à 20 km de la ville de Ségou, 4e région du Mali. Selon le bilan provisoire communiqué par le ministre des Transports et des Infrastructures du Mali, Dembelé Madina Sissoko, lors de sa visite de terrain, il est enregistré « 41 morts, dont un nourrisson, [et] 33 blessés, dont trois graves ».
« Difficile de passer une semaine sans apprendre un accident »
Les circonstances exactes ayant entrainé cet incident tragique restent encore indéterminées. Comme la quasi-totalité des accidents qui se sont produits sur cette voie. Ce grave incident, qui a défrayé la chronique nationale et internationale, serait survenu à la suite de la collision d’un bus transportant des passagers avec un camion chargé de céréales et d’intrants agricoles.
Selon le ministre en charge des Transports et des Infrastructures, cette tragédie, à la suite de laquelle le président de la Transition, Assimi Goïta a décrété un deuil national de trois (3) jours, procèderait de mauvaises conditions dues à la saison des pluies, à l’état des routes ou à des problèmes techniques sur le camion. Cette dernière supposition est celle soutenue par des témoins interrogés, sur place, par des médias. Ces témoins évoquent une crevaison sur un pneu du camion.
Cet incident n’est pourtant pas le premier sur la route nationale N° 6. Il est difficile de passer une semaine sans apprendre un accident de circulation sur cette voie, qui fait partie des plus fréquentées du pays.
Le 18 juillet dernier, une SOTRAMA, en provenance de Fana pour Bamako, s’est renversée dans un ravin, suite à une crevaison. Cet incident a fait 12 victimes, dont 11 blessés graves. Au cours du même mois de juillet, un camion, en stationnement au bord de la route, a été percuté par un bus de transport en provenance de Ségou. Cet accident a fait 33 victimes, dont 30 blessés graves.
Où est l’autoroute moderne annoncée en 2010 ?
Ces incidents tragiques sur la RN6, reliant Bamako au Centre ainsi qu’au Nord du pays, méritent des analyses plus poussées de la part des autorités en charge du secteur des transports. Certes, les postulats avancés par le ministre Madina Sissoko peuvent être une piste de compréhension, mais ils ne sont pas les seuls paramètres permettant d’expliquer ces fléaux récurrents.
L’incivisme des usagers ainsi que le manque de ralentisseurs de vitesse font également partie des raisons de ces accidents mortels sur cette route principale. Comment se fait-il que dans un pays, où l’incivisme gangrène la quasi-totalité des secteurs, l’on puisse aménager des voies, sans des dos d’âne ?
En plus de tous ces facteurs, il faudrait souligner aussi la mauvaise gouvernance. En 2010, le Conseil des ministres avait adopté un projet de décret pour l’aménagement d’une autoroute moderne et ses annexes, notamment sur cette section Bamako-Ségou. Une voie 2 x 2 sur une distance de près de 221 kilomètres. Un aménagement qui entrait dans le cadre de la « politique de désenclavement intérieur et extérieur du pays et dans le cadre de la réalisation du réseau d’autoroute de l’Afrique ». On se demande aujourd’hui où est cette autoroute.
Fousseni Togola
Cet article a été initialement publié sur le site de Maliweb.
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