Alors que plus d’une centaine de cas positifs au covid-19 sont confirmés dans le pays, les Maliens sceptiques cherchent toujours à voir avant de croire. Le jeune étudiant en Master philosophie au Mali, Tidiani Guindo nous livre dans cet article ce qu’il estime être la raison de ce scepticisme.
Plus têtu qu’un homme malien, tu meurs gratuitement. Il est têtu et difficile d’être convaincu. Aucun citoyen du monde n’est plus compliqué que le Malien.
Lire aussi Tribune : le coronavirus, manifestation de l’Esprit absolu ou folie de la raison ?
Si dans les autres pays, on crie et ressent de l’anxiogène devant cette pandémie criminelle, au Mali, une majeure partie de la population considère avec assiduité et rigueur ce virus comme une pure et une simple invention occidentale.
Des sceptiques qui veulent d’abord voir le virus dans leurs mains
La nature malienne a donné naissance à des citoyens sceptiques qui ont la manie de réfuter une réalité existante. Ils rejettent sans preuve l’existence de ce virus sous prétexte que seuls les noirs, qui ont une double nationalité, peuvent subir son épreuve.
Ces Maliens sceptiques veulent, à tout prix, voir à l’œil nu ce virus ou en être confrontés avant de croire à son existence.
Le Malien ressemble au sceptique décrit par Edgar A. Shoaff : « Un sceptique est un type qui, s’il rencontre Dieu, lui demanderait ses papiers. »
Les Maliens sceptiques disent qu’ils ne vont jamais se protéger. Ils refusent de porter les masques, mais ils ont peur de faire le rapport sexuel sans porter le préservatif.
On préfère se protéger contre le VIH-Sida et la grossesse que de se protéger contre la pandémie monstrueuse de Covid-19.
Crise de conscience
Si l’homme malien avait réellement compris la démocratie, il n’allait jamais être un sceptique perpétuel. Mais il faut le comprendre. Il souffre d’une sérieuse crise de conscience. Comme l’écrit Jean-François Revel, « La civilisation démocratique est entièrement fondée sur l’exactitude de l’information. Si le citoyen n’est pas correctement informé, le vote ne veut rien dire ». Il doit être psychologiquement formaté. Car il a été psychologiquement traumatisé et déconnecté de la réalité. Il souffre d’une triple cécité : celle du corps, de l’esprit et de la dignité.
Lire aussi Coronavirus : au Mali, le discours qu’il faut pour faire taire
Pour parler comme Victor Hugo dans « Lucrèce Borgia » : « Il faut que la queue du diable lui soit soudée, chevillée et vissée à l’échine d’une façon bien triomphante pour qu’elle résiste à l’innombrable multitude de gens qui la tirent perpétuellement. »
Allah ka maliens sceptiques wou changés ! (Que Dieu donne une bonne conscience aux Maliens sceptiques !)
En savoir plus sur Sahel Tribune
Subscribe to get the latest posts sent to your email.