La frappe aérienne survenue à Bounti, dimanche 3 janvier 2021, fait débat sur les réseaux sociaux ainsi que hors de ces canaux. Chacun cherche à comprendre ce qui s’est réellement passé dans ce village, dans le centre du Mali.
« Il n’y a guère que l’armée nationale et Barkhane pour opérer offensivement dans le ciel malien. Sollicitées à maintes reprises, les autorités maliennes dominées par les militaires depuis le putsch du 18 août sont restées silencieuses », déclare l’Agence France presse (AFP) dans une de ses publications du mardi 5 janvier 2021 sur l’attaque de Bounti, dans la région de Mopti au Mali. Une attaque et un silence qui donnent lieu à des interrogations. « Que s’est-il passé dimanche près de Douentza, dans le centre du Mali ? L’armée française dit que ses avions ont éliminée des dizaines de jihadistes tandis que des villageois rapportent la mort de plusieurs civils dans la frappe d’un hélicoptère non-identifié », s’interroge l’AFP.
« Il n’y avait pas de mariage »
Cet incident, qu’on pourrait qualifier de bavure, mérite en effet des interrogations. L’armée française aurait-elle confondu des civils qui célébraient leur mariage dans la zone à des terroristes ? Cette possibilité est pourtant écartée par une source militaire française proche du dossier : « Il ne peut y avoir de doutes et d’ambiguïté, il n’y avait pas de mariage. C’est une frappe menée après un processus particulièrement formel et multipartite sur un groupe armé terroriste pleinement identifié, après un recoupement d’informations, des attitudes, une posture, sur une zone caractérisée », rapporte la chaîne de télévision française, France 24.
Radio France internationale (RFI) confirme quand même que « des villageois de Bounti joints par l’Agence France-Presse assurent [ndlr] avoir été frappés par les tirs d’un hélicoptère lors d’une noce ». La même source précise qu’elle « a eu confirmation que quelques femmes et des enfants originaires de Bounti sont bien actuellement soignés à Douentza. D’autres victimes ont été évacuées vers Sévaré, à 150 kilomètres au sud-ouest de Douentza. D’autres ont succombé à leurs blessures ».
Une enquête initiée
Malgré tout, la population malienne, notamment sur les réseaux sociaux, se dit meurtrie par cet événement de Bounti. Le silence entretenu sur cette attaque est incompréhensible à leurs yeux.
Toutefois, il convient de retenir que les jihadistes possèdent une crinière de techniques d’exaction. Ils sont en mesure de se fondre dans la population pour mieux atteindre leurs cibles. Dans son article « Les raisons de la montée des attaques djihadistes dans le nord du Mali », la Deutsche Welle, chaîne allemande, souligne en effet, « la complicité » dont les djihadistes « bénéficient au sein de la population ». Cette situation rend difficile la lutte antiterroriste pour les forces engagées dans ce combat.
Néanmoins, « la division des droits de l’Homme de la Minusma a initié une enquête », rassure l’AFP afin de situer les responsabilités sur cet incident de Bounti. La même source indique que « la force des Nations unies (Minusma) a affirmé qu’elle n’était “pas impliquée dans les événements survenus récemment dans la zone de Bounti”.
Cette tuerie qui survient après la mort de plusieurs soldats français au Mali pourrait entacher davantage l’image de cette force partenaire du Mali qui ne fait pas déjà bonne presse auprès de la population malienne. Elle coïncide également avec une période où la réduction des effectifs de Barkhane au sahel par la France fait débat. Dans une telle atmosphère délétère, la prudence est nécessaire pour ne pas tomber dans le piège tendu par les djihadistes.
Fousseni Togola
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