L’école malienne marche de nouveau sur une pente savonneuse. Les dirigeants ont pris l’habitude de faire durer les problèmes, pour se sauver la peau. Les enseignants donnent l’air d’avoir horreur du double langage
Signée par Col. Assimi Goïta, président intérimaire, l’Ordonnance fixant « [la] grille indiciaire unifiée des personnels relevant des statuts des fonctionnaires de l’État, des collectivités territoriales, des statuts autonomes et des militaires » a été la goutte d’eau qui a débordé la vase. Cette Ordonnance qui « abroge toutes dispositions antérieures contraires », en son article 4, devient la croix et la bannière entre les autorités de la transition et les syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016.
Toujours temporiser sans résoudre
La synergie syndicale de l’éducation veillerait, comme à la prunelle de ses yeux, sur l’article 39 de son statut. Elle estime que cette ordonnance signe la « mort » de cet article, qui octroie pourtant des privilèges aux personnels enseignants du Mali.
Pour manifester leur cri de cœur et réclamer une application stricte de l’article 39 de la Loi N° 2018-007 du 16 janvier 2018, les syndicats de l’éducation ont décidé de boycotter tous les examens de fin d’année et de prendre en otage les notes de toutes les évaluations précédemment faites. Dans la même dynamique, ils se « réservent le droit d’observer une grève de 12 jours, soit 288 heures allant du lundi 09 au jeudi 12 août, du lundi 16 au mercredi 18 août et du lundi 23 au vendredi 27 août 2021 inclus ».
Comment faut-il comprendre toutes ces réactions autour de l’article 39 du statut du personnel enseignant de l’enseignement secondaire, de l’enseignement fondamental et de l’éducation préscolaire et spéciale ? Rien d’autre. Sauf que les combines ont des racines douces, mais des fruits amers. Elles ne permettent que de temporiser des problèmes avant leur explosion prochaine.
À analyser l’adoption de ce statut des enseignants, par le régime déchu d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), en 2018, il est possible de comprendre qu’il s’agissait juste d’un moyen astucieux de se sauver la peau. « On tend de plus en plus vers un bac UEMOA. On nous demande d’avoir les mêmes compétences que nos collègues de cette zone, de donner les mêmes résultats qu’eux. Alors, pourquoi ne pas nous mettre dans les mêmes conditions qu’eux aussi ? », s’est demandé Ousmane Almoudou, porte-parole de la synergie des syndicats de l’éducation, dans une interview accordée à Sahel tribune, en mai 2020.
Meilleure sortie de crise
Face à cette revendication des enseignants maliens d’être mis dans les mêmes conditions de vie et de travail que leurs collègues de la zone UEMOA, le régime IBK s’est juste trouvé une porte de sortie. « Lors des négociations ayant conduit à ce statut, nous avons demandé à ce que nos salaires soient alignés à ceux de nos collègues de l’UEMOA. C’est ainsi que le gouvernement a décidé de nous accorder ce statut », a précisé le porte-parole de la synergie syndicale de l’éducation au cours de la même interview.
Il est important que les dirigeants maliens comprennent que l’on ne résout pas des problèmes par des invectives. Comme une blessure sur laquelle on applique juste des calmants et jamais des traitements appropriés et qui rechutera toujours, en choisissant de temporiser les problèmes, on augmente leur durée de vie.
Depuis 2016, l’école malienne est paralysée par la même crise qui peine à être résolue, en raison de la « mauvaise foi » qui anime les autorités en charge de la gestion de la crise en question.
Les autorités transitoires ont alors du pain sur la planche. Car si l’on arrive à tenir les examens de fin d’année sans les enseignants, l’année scolaire 2021-2022 risque de subir le même sort que celle de 2019-2020. Il convient donc de ne pas prendre ce problème à la légère. Cette fois-ci, il serait judicieux d’éviter les combines.
Fousseni Togola
Cet article a été initialement publié sur le site de Maliweb.
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