Nous en savons un peu plus chaque jour sur l’attaque survenue à Bounti, dans la région de Mopti (au centre du Mali), dimanche 3 janvier 2021. Après les précisions de Barkhane, de Médecin sans frontières, le ministère de la Défense et des anciens Combattants du Mali donne également sa version des faits, ce jeudi 7 janvier 2021.
« Au cours d’une mission de surveillance de cette zone, des mouvements individuels, suivis de regroupement d’une cinquantaine d’individus ont été observés le dimanche 03 janvier 2021, vers onze heures. Ce regroupement ne comprenait ni femmes ni enfants. Par la suite, un motocycliste armé s’ajouta au regroupement, puis un véhicule pickup », a déclaré le ministère de la Défense et des anciens Combattants dans son communiqué. « Aux environs de treize heures, ces éléments de la Katiba Serma, vêtus de la même façon, ont formé trois groupes », précise la même source.
Une trentaine de GAT neutralisé
Sur la route nationale 16, notamment entre Douentza et Hombori, la Katiba Serma est l’auteur d’attaques et de poses d’Engins explosifs improvisés (EEI), indique la même source gouvernementale qui reconnait qu’une intervention aérienne, sollicitée par le Poste de Commandement conjoint, a bien eu lieu, ce dimanche. En effet, selon les précisions du MSF les huit blessés qu’il a pris en charge « présentaient des blessures par balles et des lésions dues à des explosions ».
Le ministère malien de la Défense et des Anciens Combattants donne d’ailleurs des précisions sur cette frappe aérienne effectuée par un mirage 2000. Selon ces précisions, le bilan fait état d’une trentaine de groupes armés terroristes (GAT) neutralisés.
« Vers dix-sept heures, un groupe de villageois et d’hommes armés en véhicule pickup et motos, sont arrivés sur site et ont procédé à l’inhumation des morts. Les motocyclistes et les véhicules pickup ont récupéré les blessés avant de partir dans des directions différentes. Les rescapés ont occupé les hauteurs avec jumelles et postes talkie-walkie », précise le ministère dans son communiqué.
« Il n’y avait pas de mariage »
Selon les villageois, des habitants qui célébraient un mariage ont été la cible d’une frappe aérienne comme on peut le lire dans ce témoignage recueilli par nos confrères de RFI : « Brusquement, j’ai entendu un bruit d’un aéronef, puis un bruit de quelque chose qui est tombé. Je me suis levé pour courir et j’ai vu que j’étais blessé, je n’arrivais pas à courir. C’était lors d’un mariage d’une personne qui habite au milieu des champs, il nous a amenés sous des arbres dans le champ. »
Toutefois, les autorités maliennes persistent : « L’environnement observé n’a montré ni scène de mariage, ni enfants ou femmes. Tous les renseignements recueillis en direct justifiaient que les cibles neutralisées étaient des objectifs militaires confirmés ». Une version soutenue par une source militaire française proche du dossier : « Il ne peut y avoir de doutes et d’ambiguïté, il n’y avait pas de mariage. C’est une frappe menée après un processus particulièrement formel et multipartite sur un groupe armé terroriste pleinement identifié, après un recoupement d’informations, des attitudes, une posture, sur une zone caractérisée », rapporte la chaîne de télévision française, France 24.
Des enquêtes bientôt ouvertes
Après avoir exprimé son attachement au respect des droits de l’homme, au Droit international humanitaire, et à la protection des populations et de leurs biens, le ministre de la Défense et des anciens Combattants du Mali a rassuré à travers ce communiqué que des enquêtes seront ouvertes « par les services compétents pour mieux comprendre ce qui s’est passé ». La mission des Nations unies au Mali (Minusma) a également« initié une enquête » sur cet incident, selon l’AFP, afin de situer les responsabilités.
Les internautes maliens et de la diaspora étaient impatients d’entendre la version des autorités maliennes sur cette attaque. Dans un communiqué du 5 janvier, le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) montrait son étonnement face au « silence du Gouvernement alors que des versions contradictoires circulent sur cet événement ».
Fousseni Togola
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