Pour non-paiement des dus par l’État, les établissements d’enseignement secondaire général, technique et professionnel privés du Mali sont en arrêt de travail depuis le 13 mars 2023. Un phénomène qui fragilise davantage ce secteur de l’enseignement où les « élèves n’ont pas trop de niveaux ».
Au Mali, le secteur de l’éducation souffre ces dernières semaines. Après 5 jours d’arrêt de travail sur l’ensemble du territoire national, le Groupement des associations des promoteurs d’écoles privées du Mali (GAPEPM) a entamé depuis le 20 mars dernier, une nouvelle série de grèves de 120 heures. Les grévistes réclament des dus à l’État, qui devraient leur permettre de mieux gérer leurs écoles.
Les enseignants vacataires impactés
Cet arrêt de travail impacte négativement sur les enseignants vacataires qui sont pour la plupart payés en fonction du nombre d’heures exécutées.
« Cette période de grève est synonyme d’un traumatisme collectif dans la mesure où les élèves sont astreints de rester à la maison sachant bien que les examens de fin d’année s’approchent », déplore TD, professeur d’enseignement secondaire général à Kalaban coro, quartier du sud-est du district de Bamako. Ce professeur de philosophie explique que cette période de grève a secoué tout son projet. Car, précise-t-il, « ne pas me rendre à l’école signifie explicitement que je suis en chômage ».
SD est également professeur de lettres au niveau secondaire à Kati. À en croire ce dernier, cette période de grève reste une énorme perte pour lui sur divers plans, notamment économique et moral. « En tant que professeur vacataire, je suis la première victime de cette grève, car je viens de perdre deux semaines de cours banalement ».
Pour sa part, MC, également enseignant vacataire, déplore cette situation « inédite dans l’histoire de l’école malienne, surtout en cette période avancée de l’année dans l’exécution du programme ». À l’en croire, cette situation pouvait être « évitée si les acteurs étaient pleinement impliqués dans la recherche d’une solution qui privilégie le droit des apprenants ».
Pour BD, professeur d’anglais à Kabala, cette situation reste inqualifiable, surtout lorsqu’on connait le calvaire des enseignants vacataires du Mali. « Avec cet arrêt de travail, rares sont ces enseignants qui parviendront à subvenir aux besoins de leurs familles, notamment les frais de loyer, de scolarité des enfants encore moins faire face aux préparatifs du mois de ramadan, déplore-t-il.
Profiter pour économiser
Selon des internautes avertis, cette grève reste un moyen pour les promoteurs d’écoles privées d’économiser sur le dos des enseignants vacataires, dont la plupart sont payés en fonction des émargements journaliers. La plupart de ces enseignants dans le secteur privé n’ont d’autre chose à faire que de rester à la maison.
Ainsi, “ramener cette situation à la seule question d’argent, revient à occulter le fond du problème bien qu’elle permet aux promoteurs d’en profiter pour économiser”, laisse entendre MC. Pour lui, cette situation se “traduit par l’insouciance des acteurs pour la formation des élèves et le non-respect des engagements de part et d’autre”.
Cependant, cette grève pourrait “augmenter le taux d’échecs à la fin de l’année », affirme TG. Ce problème ne peut se régler autrement que de fournir des efforts de part et d’autre. Il faut que les grévistes et L’État arrivent à se comprendre rapidement afin de trouver une solution à ce problème pour le bonheur de tous en général, notamment les élèves du privé, surtout lorsque leur avenir en dépend.
En plus de ce mouvement de grève, la coordination des syndicats de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique a déclenché, elle aussi, une nouvelle grève de 5 jours depuis le lundi dernier. Celle-ci réclame ‘l’amélioration des conditions de vie de l’enseignant supérieur, la sécurisation de l’espace universitaire et la séparation du statut enseignant et enseignant chercheur’. Ces responsables syndicaux déplorent eux aussi, le mutisme des autorités.
Bakary Fomba
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