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Fermeture des écoles : le soliloque d’un enseignant

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Dans ce billet fictionnel, je prête ma plume à Xébou. Un enseignant d’une école privée malienne, qui vit dans le calvaire avec la fermeture des écoles pour raison de coronavirus, exprime son désespoir.

Je suis Xébou. Depuis 5 ans, j’enseigne dans les écoles privées. Chaque année, durant les vacances, je fais l’aide-maçon ou le sarclage dans le champ des paysans afin de raccourcir cette période difficile. Une période durant laquelle les promoteurs de mes écoles ignorent mon existence parce qu’ils n’ont besoin de moi que pendant les neuf ou huit mois de cours.

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Cinq mois de salaire dans l’année

 Cette situation s’aggrave cette année avec la pandémie du Coronavirus. En plus de la vacance, je me bats désespérément depuis au mois de mars pour pouvoir supporter les charges de ma famille. J’espérais sur la reprise des cours, ce 9 avril. Mais le gouvernement a prolongé cette date.

Jusqu’au 9 mai sans cours ? Mieux vaut dire que la vacance débute plutôt que prévue. Dans mon école, en fin mai déjà, seules les classes d’examen sont retenues pour les cours. Cette année, avec le coronavirus, le congé de Pâques a été anticipé. Réduisant ainsi mes revenus du mois de mars. Donc, je n’ai eu droit qu’à cinq mois de salaire cette année.

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Xébou pense aux fêtes à venir

Le ciel s’écroule sur ma tête. D’habitude, les trois ou quatre mois que dure la vacance deviennent pour moi comme une année sans travail. Avec cette nouvelle situation, je me demande finalement ce que les prochains jours me réservent. D’ores et déjà, en tant que chef de famille, je ne vais rien gagner durant ce mois d’avril. Rien ne me rassure que je vais d’ailleurs en gagner d’ici la rentrée 2020-2021.

 Pourtant, c’est la Pâques, bientôt. C’est le mois de carême qui s’annonce à l’horizon. C’est la fête du ramadan qui pointe le nez. C’est la Tabaski, qui ne tarde plus à se présenter. Que vais-je dire à ma famille ? Comment vont se sentir mes enfants parmi leurs camarades ? Prendre du crédit ? Non, je n’en aurai pas. Parce que tous ceux auprès desquels je devrais avoir quelques sommes d’argent surestiment mes revenus. Ils ne peuvent pas imaginer le traitement que je reçois en fin de mois comme salaire. Pour secret professionnel, je garde également le silence sur cet aspect.

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L’autoflagellation

Ce qui m’écœure le plus, c’est l’indifférence des promoteurs d’école, des directeurs, ainsi que du gouvernement. Je ne recevrai pas de salaire en avril. Pourtant, le gouvernement paiera la subvention complète aux promoteurs. Je ne recevrai pas de salaire dans ce mois. Mais les parents d’élèves paieront la mensualité. 

Je sens que je ne suis qu’un objet qu’on maltraite pour la satisfaction d’intérêts personnels. Souvent aussi, en m’interrogeant à fond, je rejette toute la faute sur moi-même. Si je ne m’étais pas laissé emporter par l’égoïsme, j’aurais pu mettre en place un syndicat qui allait défendre mon intérêt. Mais faute d’hypocrisie, je n’ai pas réussi à le faire. Aujourd’hui, je réfléchis avec des larmes dans les yeux.

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C’est en raison de tous ces paramètres que j’avais vu dans le volontariat, qu’avait lancé le gouvernement malien, comme une porte de sortie. Mais cette histoire n’a contribué qu’à enfoncer le clou dans ma plaie.

 2020 devient l’année la plus longue de ma vie. Que finit vite le Coronavirus afin que je me nourrisse avant la période proprement dite de la vache maigre. Coronavirus, tu as été le cauchemar de toute l’humanité, mais plus particulièrement des enseignants des écoles privées.


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