Après rétention des notes, boycott des évaluations anticipées et de fin d’année, une grève de 288 heures (12 jours) est annoncée par les syndicats des enseignants toujours sur la défensive pour l’article 39. École malienne.
En Conseil des ministres, le 30 juin dernier, les nouvelles autorités de la transition, ont adopté un projet de loi portant l’unification des grilles indiciaires des fonctionnaires du Mali. Cette adoption a été suivie par l’Ordonnance du 16 juillet 2021 fixant « La grille indiciaire unifiée des personnels relevant des statuts des fonctionnaires de l’État, des collectivités territoriales, des statuts autonomes et des militaires ».
Article 39 menacé
Cette Ordonnance du président de la transition, qui « abroge toutes dispositions antérieures contraires », selon l’article 4 de ladite ordonnance, a finalement attisé le feu. Ces décisions des autorités de la transition ont créé la panique chez les enseignants, qui estiment qu’il s’agit d’une menace contre leur article 39, qui leur octroie pourtant des privilèges.
« Toute majoration des rémunérations des fonctionnaires relevant du Statut général s’applique de plein droit au personnel enseignant de l’Enseignement secondaire, de l’Enseignement fondamental et de l’Éducation préscolaire et spéciale », lit-on dansl’article 39 du statut du personnel enseignant.
Selon les précisions de la synergie syndicale de l’éducation, « l’article 39 a pour objets de répondre à une demande d’harmonisation des salaires des enseignants maliens avec ceux de la sous-région, d’apaiser le climat social et d’éviter que les enseignants ne se mettent en grève chaque fois qu’il y a une augmentation sur le statut général. Il vise aussi à rendre la fonction enseignante plus attrayante. »
Des cris de cœur
Suite à ces agissements des nouvelles autorités maliennes, que des enseignants n’hésitent pas à qualifier de « mauvaise foi », les syndicats de l’éducation ont décidé d’aller à une vitesse supérieure.
Dans leur lettre circulaire du 26 juillet 2021, la synergie syndicale a invité ses militants à « retenir toutes les notes », à « boycotter les épreuves anticipées » ainsi que « tous les examens de fin d’année ». Elle exige, à cet effet, « l’application immédiate de l’article 39 de la Loi N° 2018-007 du 16 janvier 2018, portant Statut du personnel enseignant de l’Enseignement secondaire, de l’Enseignement fondamental et de l’Éducation préscolaire et spéciale. »
Ce collectif des syndicats des enseignants projette également d’observer une grève de 12 jours, soit 288 heures, allant du lundi 9 au jeudi 12 août. Du lundi 16 au mercredi 18 août et du lundi 23 au vendredi 27 août 2021 inclus, si toutefois l’article 39 de leur statut n’est pas pleinement appliqué.
Des « décisions responsables »
Les syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016 ont tenu, mardi 27 juillet 2021, sur l’ensemble du territoire national, des assemblées générales. Ces rencontres d’information ont été l’occasion d’informer les acteurs de la société civile et les partenaires de l’école malienne sur des problèmes réels du secteur de l’éducation dans leur pays.
La synergie a publié un document de communication dans lequel elle prévient l’opinion publique nationale et internationale des risques que court l’année scolaire si des « décisions responsables » ne sont pas prises par les autorités de la transition.
Les syndicats de l’éducation prévoient, ce jeudi 29 juillet 2021, des meetings nationaux, dans les différentes localités. Au cours de ces rencontres, précisent-ils, ils dévoileront leurs analyses sur la question de la grille unifiée, la nécessité d’appliquer coute que coute l’article 39. Pourtant, lors de sa rencontre avec le parlement des enfants, le 26 juillet dernier, le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga a donné l’assurance que l’article 39 n’est pas abrogé. Il reste à se demander : à quand le salut de l’école malienne ?
Bakary Fomba
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