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Covid-19 : Tina, la travailleuse de nuit, cherche la queue du diable

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Suite à l’instauration du couvre-feu au Mali pour prévenir le Covid-19, beaucoup de secteurs sentent des blocages dans leur travail. Dans ce billet fictionnel, nous présentons le calvaire d’une travailleuse de nuit, Tina (nom fictif).

Depuis quatre ans qu’elle est arrivée du village à la recherche d’un travail d’aide-ménagère dans la capitale de l’Indifférence, Tina se prend en charge à travers ce métier de travailleuse de nuit dans un bar de la place. En tant qu’unique fille de parents pauvres, grâce à cette activité, Tina prend aussi en charge son père Mamari et sa mère Djeli, restés au village sans aucun autre espoir.

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Mais une tragédie s’abat sur l’Indifférence depuis près d’un mois. Un mal qui répand la terreur ; qui entraîne la méfiance et la suspicion. Un mal qui paralyse tous les secteurs d’activité dans ce pays. Les gens tombent malades, meurent sans que de véritables traitements soient trouvés. Les gens meurent chaque jour malgré toutes les mesures. 

Les impacts de cette tragédie mondiale n’ont pas épargné Tina. Les bars sont fermés. Un couvre-feu de 21 h à 5 h du matin est instauré. Le travail de Tina est ainsi paralysé. Elle ne peut que compter sur ses revenus. Ceux-ci ne suffiront que pour une semaine.

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Espérant que durant ce temps, la situation retourne au calme, Tina ne se lamentait pas encore. Mais rapidement, comme un retournement de veste, la situation épidémiologique s’aggravait. Elle a épuisé toutes ses économies. Alors la jeune fille décide de sortir et poursuivre son activité. Chose qu’elle ne devrait pas tenter.

La nuit commençait belle. Beaucoup de clients assoiffés se présentaient de sorte que Tina oublie le couvre-feu. Vers 22 h, un Pick-up plein d’hommes en uniforme s’arrête à la hauteur de Tina qui attendait recevoir quelques clients encore avant de retourner chez elle.

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Le Pick-up s’arrête. Les hommes en uniforme descendent. Le chef de l’équipe, un homme grand et mince, s’adresse à Tina.

  • Bonsoir mademoiselle. Comme vous êtes belle ! Mais que faites-vous ici à une heure pareille ?
  • Bonsoir monsieur. Je suis flattée. Que puis-je faire pour vous ? Ne voyez-vous pas ce que je fais. Je cherche à manger. Sans ce travail, impossible pour moi de supporter les charges. Je suis travailleuse de nuit. Ne voyez-vous pas ?

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Elle tient tout ce discours en essayant de séduire le chef d’équipe. Mais celui-ci a le cœur dur. Il lui montre qu’elle ne l’intéressait pas. Il ordonne à ses hommes de la faire monter dans le véhicule et la conduire au commissariat. En route, Tina n’arrive pas à avoir sa langue dans sa poche.

  • Vous parler de distanciation sociale. Mais en m’arrêtant tout de suite, pourquoi vous n’avez pas respecté cette mesure. Si j’avais le Coronavirus, j’allais tous vous contaminer. En plus dans votre véhicule, entre vous, vous ne respectez la mesure de 1 mètre. Franchement, il faut nous laisser nous nourrir pour ne pas mourir de faim au lieu de covid-19. 
  • Tais-toi, ordonne le chef d’équipe alors que le véhicule s’approche du commissariat. 

Arrivé au poste, le chef de l’équipe conduit Tina au bureau du commissaire. Là encore, les mêmes interrogations. Mais Tina ne tourne pas autour de la peau.

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  • Monsieur le commissaire, vous ne pouvez pas imaginer que cela me fait deux jours sans manger. Mes pauvres parents sont au village et me demandent de leur envoyer de l’argent. Alors que le bar dans lequel je travaille est fermé à cause du covid-19 et mes j’ai épuisé ma petite économie. Il fallait bien que je sorte ce soir pour avoir à manger. Mon commissaire, mieux vaut mourir de covid-19 que de faim.
  • Mademoiselle, vous dites que vous faites quoi comme travail ?
  • Je suis travailleuse de nuit. Et vous savez qu’avec la fermeture des bars suivis du couvre-feu, la tâche n’est pas facile, s’il faut se prendre en charge dans cette activité. C’est pourquoi je suis sorti ce soir pour recevoir quelques clients afin de me nourrir.

Entre temps, un civil tape à la porte du commissaire. Le commissaire l’ordonne d’entrer et de prendre place. Il s’agit d’un de ses amis. Il lui explique la situation de la jeune fille.

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  • Tu vois cette jeune fille ? Elle est travailleuse de nuit. Si nous devons appliquer le couvre-feu comme il le faut, beaucoup de ces gens vivront dans la merde. C’est pourquoi je dis que cette mesure n’est pas adaptée au contexte malien. Beaucoup d’autres travailleurs se trouvent dans les mêmes situations que cette pauvre fille.

Le commissaire ordonne alors la libération immédiate de Tina. Il donne dès lors des consignes à ses hommes d’accorder le laissez-passer à ces travailleuses de nuit durant le couvre-feu. Ce qui a soulagé les souffrances de Tina, du moins pour l’instant. Car les nouvelles ne sont pas bonnes du côté de Bina, le tonton d’Amina, avec qui Tina a eu des relations il y a une dizaine de jours.

A suivre !

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