L’opération Jackal III, menée par INTERPOL, a démantelé de vastes réseaux criminels en Afrique de l’Ouest, saisissant des millions en actifs illégaux. Cette action, qui a conduit à 300 arrestations, met en lumière l’ampleur de la criminalité financière dans la région.
Parfois, la réalité dépasse la fiction. C’est ce que l’on pourrait penser en apprenant les résultats de l’opération Jackal III menée par INTERPOL, visant les groupes criminels d’Afrique de l’Ouest, notamment le tristement célèbre Black Axe. Cette opération mondiale, qui s’est déroulée du 10 avril au 3 juillet sur les cinq continents, a permis de démanteler des réseaux criminels dans 21 pays. Des arrestations par centaines, la saisie de cryptomonnaies et d’articles de luxe pour une valeur totale de 3 millions de dollars — voilà qui a de quoi faire réfléchir sur l’ampleur de la criminalité organisée.
Un véritable jeu du chat et de la souris
« Le volume de la fraude financière provenant d’Afrique de l’Ouest est alarmant et croissant », a déclaré Isaac Oginni, directeur du Centre de lutte contre la criminalité financière et la corruption (IFCACC) d’INTERPOL. Cette simple phrase résonne comme un signal d’alarme, mettant en lumière les défis sécuritaires auxquels l’Afrique de l’Ouest doit faire face. Mais au-delà des chiffres impressionnants, c’est la réalité des vies touchées par ces crimes qui nous interpelle.
L’Afrique de l’Ouest, souvent perçue comme une région en plein essor économique, est en proie à une lutte acharnée contre des réseaux criminels de plus en plus sophistiqués. Des familles ruinées, des personnes forcées de vendre leur maison ou de contracter des prêts massifs — ce sont là les conséquences dévastatrices de la fraude financière.
Plus de 160 victimes de fraude ont été identifiées, certaines ayant perdu tout ce qu’elles avaient. Ces criminels, usant de mules d’argent et de comptes bancaires dispersés à travers le globe, s’adonnent à des activités de blanchiment d’argent d’une complexité insoupçonnée. C’est un véritable jeu du chat et de la souris entre les forces de l’ordre et ces malfaiteurs sophistiqués.
Les failles des systèmes financiers et les vulnérabilités des États
L’opération Jackal III, avec ses 300 arrestations et ses 720 comptes bancaires bloqués, est un succès incontestable pour INTERPOL et les forces de police internationales. Mais c’est en Afrique de l’Ouest que cette victoire revêt une importance cruciale.
Les criminels opérant dans cette région exploitent non seulement les failles des systèmes financiers, mais aussi les vulnérabilités des États. « En suivant les traces d’argent illégales dans le monde entier, INTERPOL et la communauté policière mondiale veillent à ce que, peu importe où ces criminels tentent de se cacher, ils seront poursuivis sans relâche et traduits en justice », a affirmé Diego Verdun, chef du Bureau central national de l’Argentine.
Cependant, cette victoire est aussi un rappel brutal de la persistance et de l’ingéniosité de ces réseaux criminels. La Black Axe Confraternity, fondée dans les années 1970 au Nigeria, est devenue un des « cults » les plus puissants, avec des ramifications en Europe et au-delà. Leur implication dans la cyberfraude, la traite des êtres humains, le trafic de drogue et les crimes violents témoigne de leur capacité à s’adapter et à étendre leur influence maléfique.
Les dirigeants du crime organisé les plus dangereux d’Afrique de l’Ouest
Le combat est loin d’être terminé. Si les résultats de l’opération Jackal III sont encourageants, ils soulignent aussi l’importance cruciale de la collaboration internationale pour affaiblir ces vastes réseaux criminels. « En identifiant les suspects, en récupérant des fonds illicites et en mettant derrière les barreaux certains des dirigeants du crime organisé les plus dangereux d’Afrique de l’Ouest, nous sommes en mesure d’affaiblir leur influence et de réduire leur capacité à nuire aux communautés du monde entier », a conclu Isaac Oginni.
Ce n’est pas seulement une bataille contre des criminels que mène INTERPOL, mais une lutte pour la sécurité et la justice en Afrique de l’Ouest et dans le monde entier.
Chiencoro Diarra
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