L’utilisation des médias sociaux a transformé, en ce qui concerne l’accès aux informations, le monde en un seul village. Les informations sont diffusées et partagées à la minute. Cependant, son utilisation pour des desseins malsains prend de l’ampleur et particulièrement au Mali qui est plongé dans une crise sécuritaire depuis plus de dix ans. C’est pourquoi le procureur anti-cybercriminalité est monté au créneau.
C’est à travers un communiqué en date du jeudi 05 juin 2025 que le procureur dit avoir constaté sur les réseaux sociaux « des images malsaines, sensibles, tendancieuses et sources d’amalgames des éléments des forces armées maliennes ». Doucara Juliette Ouattara, la signataire du communiqué, souligne que ces images ont pour but de « nourrir et d’entretenir la propagande des organisations terroristes et de créer ainsi des troubles dans l’ordre public ».
Pour la magistrate poursuivante, ces actes sont le plus souvent motivés par « le désir ignoble de désinformer, de démoraliser, de créer la psychose et la terreur au sein des forces armées. » Doucara Juliette Ouattara précise que ces actes sont constitutifs d’infractions à la loi pénale et passible de sanctions pénales. Avant de conclure en affirmant qu’aucun agissement infractionnel ne sera toléré, elle indique que la diffusion et le partage de ces images exposent leurs auteurs, leurs co-auteurs et complices à des poursuites pénales.
Il faut reconnaître que depuis longtemps des images démoralisatrices des forces armées et même des populations font l’objet de diffusion et de large partage sur les réseaux sociaux. Le phénomène s’est amplifié, ces derniers jours, avec l’intensification des attaques terroristes.
Contre les activités obscènes
Le 29 avril 2025, le même bureau du procureur du pôle national de lutte contre la cybercriminalité a publié un communiqué signé par Dr Adama Coulibaly, Procureur. Le magistrat poursuivant fustige l’utilisation des réseaux sociaux à des fins d’activités obscènes de tout genre. D’après son communiqué les plateformes digitales comme TikTok, WhatsApp, Instagram, Télégramme, Snapchat,… sont devenues « des lieux de vente de produits liés à l’intimité ou à la santé, mais aussi de véritables foyers de proxénétisme et d’incitation à la débauche. »
En ce qui concerne les foyers de proxénétisme, il précise qu’« Il s’agit en l’espèce de groupes et de pages qui proposent leurs services en vue de mettre en relation des hommes et ou des femmes. » Et Dr Coulibaly d’ajouter que ces activités sont contraires aux bonnes mœurs et susceptibles de troubler l’ordre public. Pour ce faire, il a rappelé qu’elles sont lourdement punies par l’article 512-53 et les articles 325-6, 325-8 du Code pénal. Autrement dit, les peines vont d’un à sept ans d’emprisonnement et une amende de 10 millions de FCFA.
Les peines applicables
Ces peines sont aussi applicables aux personnes qui fabriquent ou détiennent tous imprimés, écrits, dessins, affiches, gravures, peintures, photographies, films ou clichés, matrices ou reproductions photographiques, emblèmes, objets ou images contraires aux bonnes mœurs en vue d’en faire commerce, distribution, location, affichage ou exposition. Elles le sont, toujours selon le communiqué, pour toute personne qui importe ou fait importer, exporte ou fait exporter, transporte ou fait transporter sciemment ces objets aux mêmes fins ou les affiche, expose, ou projette aux regards du public. Sans oublier celles qui les vendent, louent, mettent en vente ou en location, même non publiquement.
En tout cas, on peut espérer qu’avec cette montée au créneau du bureau du procureur du pôle national de lutte contre la cybercriminalité, la diffusion d’images de démoralisation des forces armées va sensiblement diminuer, voire disparaître, tout comme pour les activités obscènes.
Sidi Modibo Coulibaly
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