Le discours à la nation du président de la République, le vendredi 10 avril 2020, n’a pas encore fini de faire des bruits. Tidiani Bakary Guindo, étudiant en Master philosophie au Mali, voit dans ce discours une forme d’indifférence aux souffrances réelles du peuple malien.
C’est avec un cœur plein de jubilation que j’ai savouré le vendredi 10 avril 2020 la pertinence et la consistance du discours formel de son excellence Ibrahim Boubacar Keita.
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Étant dans le bras de morphée, j’ai pu déchiffrer et déceler les codes et les pièges qui se cachaient derrière son discours à la nation.
Du Pessimisme
Le président de la République a bel et bien choisi le moment opportun de son discours à la nation pour dire haut et fort au peuple malien ce que ce dernier voulait réellement entendre depuis très longtemps. Car gouverner, c’est faire croire, disait Nicolas Machiavel.
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Mais pour rappel, IBK avait promis aux étudiants maliens de leur donner chacun un ordinateur portable pour leur permettre de bien travailler et d’être un jour sur la toile de l’excellence. Mais en fin de compte, notre Manden Massa a été une déception totale pour les étudiants.
Une chose est de dire, mais l’idéal est d’exécuter avec chasteté et dignité nos engagements. Maints proverbes, dictons et épopées des Bamanam, chantés par leurs griots, attestent ces jugements de valeur : « Le pouvoir est mauvais ; le pouvoir n’est pas une chose avec laquelle il faut jouer ; le pouvoir ne connaît pas d’amis ; le pouvoir est traître… »
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Un peuple aveugle
Mais un peuple aveugle croit toujours au mensonge utile. Le discours à la nation du président de la République a pour but de montrer aux Maliens qu’il partage cette période douloureuse avec eux. Mais comment ? D’où l’utilité dudit mensonge utile…
Les enseignants qui doivent être les plus respectés du pays ont été lâchés par le Manden Massa. Les enseignants sont sans salaires depuis quelques mois, mais notre Manden Massa n’a rien fait pour satisfaire leurs doléances. Mais si vous voulez sortir par la grande porte de l’histoire des Hommes intègres, M. le président, je vous prie, en tant que votre petit fils, d’exaucer l’article 39 des enseignants du Mali, car c’est à ce prix que vous pouvez préserver la concorde et l’harmonie qui doivent régner dans notre Maliba.
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Si gouverner se limitait à l’unique satisfaction de la soif du peuple et de lui procurer gratuitement l’électricité, force est de reconnaître que ce peuple finira par mourir un jour de faim et de manque d’éducation.
Maître Kongfuzi ne disait-il pas que « Sous un bon gouvernement, la pauvreté est une honte ; sous un mauvais gouvernement, la richesse est aussi une honte. » Alors, honte au gouvernement malien parce que les citoyens vivent dans la médiocrité.
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Oubli des souffrances du peuple
Mon esprit est une messagerie rigoureuse et capable de pénétrer l’intention mystérieuse du discours à la nation du président de la République, d’Ibrahim Boubacar Keita.
Nos parents souffrent au village et se sentent abandonnés par le Manden Massa. Des greniers ont été brûlés et des bétails ont été calcinés. Des enfants sont devenus des orphelins (e) de père et de mère. Des mères sont devenues des veuves. Des villages entiers ont été supprimés de la carte du Mali. Malgré tout, le Manden Bourama n’a pas pu réagir.
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Des centaines d’écoles ont été fermées à cause de l’insécurité. Des soldats ont été tués par les ennemis faute de manque d’armements de qualité. Les enfants démunis ont été rejetés par la Patrie Mère et la plupart d’entre eux sont devenus des délinquants. À qui la faute ?
« Ce n’est pas le titre qui honore l’homme, mais l’homme qui honore le titre »
Si seulement son excellence pouvait comprendre que le peuple a faim ! S’il savait que le peuple a besoin d’une formation de qualité ! Si IBK pouvait se rendre compte que les citoyens ne sont pas idiots ! Il n’allait jamais jouer avec les mots et la conscience des Maliens.
Les sages du Mali disent que toute chose engendre son enfant et que seule la parole engendre sa mère. Son excellence, souvent il est mieux de se taire pour ne pas être rattrapé par l’histoire.
Vous aimez toujours parler d’honneur. Ce qui est d’ailleurs bien beau, grand père IBK. Par contre, dans le « Discours sur la première décade de Tite Live », Nicolas Machiavel affirmait que « Ce n’est pas le titre qui honore l’homme, mais l’homme qui honore le titre ».
Son excellence, être président ne veut rien dire si vous n’incarnez pas l’honneur et la dignité. Il est écrit que « Le preux le plus chanté ne peut qu’avoir servi le roi le plus illustre ».
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