« Mieux vaut prévenir que guérir ». Cet adage a traversé la nuit des temps sans perdre en aucun moment toute son évidence. Il a été diversement repris dans différentes langues. Mais toujours sa quintessence reste. Oui, tant que nous avons la possibilité de nous protéger contre une situation, il est nécessaire d’agir en amont pour éviter de se retrouver dans un long et dur combat, souvent sans issue favorable. Seulement aujourd’hui, on semble de plus en plus abuser de cette vérité des âges. Elle est de plus en plus utilisée à des fins idéologiques. À cette ère de campagnes électorales pour les législatives au Mali, on semble dire « tant pis pour le coronavirus ! «
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Plein dans les campagnes électorales
Depuis le dimanche 8 mars 2020, les campagnes pour les élections législatives battent le plein au Mali. Les candidats sont débordés par des mouvements, à la rencontre de leurs militants.
On n’est nullement prêt à surseoir à ces élections malgré la menace du Coronavirus. Or, le contact humain favoriserait l’expansion de ce virus. Malgré tout, ni le gouvernement ni les candidats à ces législatives n’a annulé la tenue de ces législatives pour éviter ces grappes humaines et prévenir le COVID-19. Aucun candidat, jusqu’à preuve du contraire, n’a effleuré cette menace du Coronavirus en rapport avec ces campagnes électorales. Ils rencontrent les militants, ils se serrent les coudes, font des accolades.
Lors d’une conférence de presse qu’il a animé ce jeudi 19 mars 2020, le Premier ministre Boubou Cissé a été on ne peut plus un peu clair sur la tenue de cette élection: « Pour des questions de survie de la nation et de continuité de l’État, à ce jour nous avons décidé de maintenir la tenue des élections législatives »
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Le courage pour vaincre la peur semble être au rendez-vous. Mais s’agit-il réellement d’une question de courage ? Ces agissements sont plutôt une défense acharnée d’intérêts privés. Tant pis pour le Coronavirus, l’essentiel est de réussir à franchir le Rubicon en accédant au siège de député à l’hémicycle.
De l’hypocrisie politique
En effet, il s’agit bien d’une question de tube digestif. Sinon, nous savons que la ministre de la Promotion de la femme, de la famille et de l’enfant a annulé la grande cérémonie du 8 mars à Bamako en raison de cette menace du Coronavirus. Le Président de la République a demander la fermeture des écoles, d’éviter les grandes rencontres de plus de 50 personnes, pour trois semaines. Sûrement que les législatives ne regroupent pas beaucoup de citoyens.
Sortir des jeux d’intérêts
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Au Mali, il est temps d’arrêter de jouer aux termites. On ne peut pas annuler une cérémonie pour raison sanitaire et laisser d’autres rencontres de plus grande envergure se tenir. Parce que tout simplement il y a une question de profit personnel.
Certes, il ne faut pas se laisser vaincre par la peur face à une maladie ou un danger ; il faut l’affronter courageusement pour espérer le vaincre. Mais il importe de se montrer cohérent avec soi et avec les autres dans ce combat. Comme pour dire qu’il est temps de joindre l’acte à la parole.
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