La Coalition des organisations sédentaires de culture Songhoy s’érige contre « la partition du Mali », à travers la mise en œuvre de l’Accord pour la paix. Elle a tenu, samedi 6 février 2021, un point de presse à la Maison de la presse de Bamako pour inviter les autorités politiques à la relecture du document.
Cinq ans après la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger, la mise en œuvre fait couler beaucoup d’encre. Les pros et les antis ne cessent de se jeter des pierres. Certains estiment que la mise en application des recommandations de ce document ne conduira qu’à la « partition du Mali et au fédéralisme ».
« Plus de centre au Mali »
La Coalition des organisations sédentaires Songhoy réunie au sein du Collectif « Songhoy Chaawara Batoo » s’oppose à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix en l’état. Elle estime qu’il comporte plusieurs insuffisances qui expliqueraient les difficultés liées à son application depuis cinq ans.
« Cinq ans après sa mise en application, nous avons enregistré dans notre pays plus de 5000 morts civils et militaires. Cinq ans après sa signature, plus de 900 écoles fermées. Cinq ans après la signature de l’Accord, plus de centre au Mali. Plus de 400 villages, dans le centre, effacés de la géographie du Mali », déplore Abdoul Kader Maïga, président de l’Association Gao Lama avant de se demander s’il fallait continuer la mise en œuvre de cet Accord.
« Partition programmée et fédéralisme »
Selon Songhoy Chaawara Batoo, la mise en œuvre de ce document comporte des dangers pour le Mali. Aliou Badra Sacko, président de la Coalition An ko Mali, estime que l’Accord est « illégitime et illégal ». Quant à Abdoul Kader Maïga, il précise qu’il comporte beaucoup de zones d’ombre qui expliquent la multiplicité d’interprétations dont il fait l’objet. En plus de la « partition programmée du Mali », ce document prévoit le « fédéralisme dont le Mali n’est pas préparé ».
La frustration et l’indignation sont des mots qui peuvent caractériser le sentiment qui traverse les membres de cette coalition après des promesses non tenues de la part des autorités politiques du Mali. Malgré de nombreux soulèvements du peuple maliens pour signaler les dangers liés à la mise en œuvre de ce document ainsi que ses insuffisances, la coalition affirme assister à une volonté de mise en œuvre intégrale de l’Accord tout en voulant réviser la constitution pour l’y adapter.
Deux voies s’ouvrent au Mali
Dans sa Déclaration, la Coalition a indiqué : « Ce que les groupes armés terroristes n’ont pas obtenu par les armes, c’est dans nos bureaux et administrativement que l’État les a octroyés ».
Aujourd’hui, au sujet de cet Accord, deux voies s’ouvrent aux autorités politiques maliennes. « Il faut soit relire cet Accord ou tout simplement l’abandonner », recommande la Coalition des sédentaires de culture Songhoy. L’unité et la paix au Mali passent, selon elle, par cette voie. Pour cette relecture, la Coalition préconise le cantonnement et le désarmement de tous les groupes armés, comme préalable.
Abdoul Kader Maïga a précisé l’intention de la Coalition des organisations sédentaires Songhoy en ces termes : « Nous ne sommes pas là pour combattre une ethnie. Nous ne demandons pas de ségrégation. Nous ne demandons pas de favoritisme. Nous ne faisons pas de l’aumône. Nous nous assurons. Nous nous affirmons. Nous défendons la patrie malienne ».
Fousseni Togola
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